Les conditions de vie à l'université de Rouen

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A M. le président Joël Alexandre

Si nous vous adressons cette lettre, c’est pour vous exprimer notre consternation devant votre gestion de l’université. Ne pouvant imaginer qu’il s’agisse d’incompétence, nous nous sommes demandés si cela ne relèverait pas d’une véritable volonté, de votre part, de détruire l’université de Rouen Mont-Saint-Aignan ?

Pour certains d’entre nous, cela fait 4, 5 ou 6 ans que nous étudions ici. Nous avons tout d’abord senti, de manière insidieuse, la réduction du nombre d’heures de cours. Le temps alloué à certains enseignements a été divisé par 2 voire 3 en l’espace de 10 ans. Bien entendu, ces coupes se font au prix de notre formation. Comment acquérir les outils nécessaires pour être des futurs professionnels aguerris, si vous ne nous en donnez pas les moyens ? Cette situation salit la réputation de l’université et fait fuir les partenaires et, par là même, les opportunités de stages. Vous n’êtes peut-être pas à l’initiative de ce mouvement mais en maintenant cette politique de réduction des heures d’enseignement, vous cautionnez cet état de fait.

Le prolongement de ce désinvestissement est visible à travers la dégradation que vous laissez s’installer au sein des bâtiments de différents UFR. Il serait trop long d'en faire la liste complète mais citons en vrac l’absence de lumière qui peut durer 6 mois dans certaines salles, les fuites d’eau dans les amphithéâtres ou encore des fenêtres cassées… Arrêtons-nous toutefois sur la bibliothèque universitaire des lettres et sciences humaines. Le bâtiment n’est plus aux normes, ce qui engendre le refus des pompiers d’intervenir en cas d’incendie.Quand vous le reconnaissez, que cherchez-vous ? A la place, vous avez préféré refaire une esplanade dont l'accessibilité ne nous semble pas requérir un tel chantier. Vos choix sont l’exemple typique de la politique du paraître, l’emballage vise à être beau mais l’intérieur est non fonctionnel et/ou insalubre. Entre bâtiments détruits, non remplacés et/ou inoccupés…

Dans ce sens, votre « bien sûr » cynique adressé au journaliste de France 3 Normandie lorsqu’il vous interroge sur le fait que nous allions travailler dans cette bibliothèque dangereuse, est à mettre en écho avec votre gestion de la réforme du droit à la poursuite d’études. Dans votre course à l’échalote pour coller aux demandes ministérielles, vous préférez sacrifier ceux qui font l’université d’aujourd’hui étudiants, salariés, universitaires. Ceci a laissé une portion non négligeable d’étudiants sur le carreau plutôt que de laisser le temps aux équipes pédagogiques, comme cela vous était possible et comme elles vous l’avaient pourtant demandé et exprimé par le vote à deux reprises, de penser les choses. Cette politique déshumanisante a mis en lumière des ingrédients déjà présents : l’absence de respect, le harcèlement, le burn out, …

Comment alors, ne pas accorder du crédit aux rumeurs sur l’objectif de transférer certaines instances de l’université de Rouen à Caen ? En ce sens, la dissolution par la destruction pourrait donc ne pas vous faire peur mais bien plutôt être votre arme. Si au moins vous teniez votre rôle en aidant et en favorisant un enseignement de qualité à vos étudiants tant que l’université existe…

Il ne faut donc pas vous plaindre, comme vous le faites, du faible niveau de réussite des licences. Ceci n’est que le reflet de votre politique.

Bien que nous soyons attachés à l’université, nous regrettons que certaines de nos années d’étude aient lieu sous votre présidence car nous estimons qu'elle entache nos études. Cependant nous ne réclamons pas votre démission tant votre politique est une démission à l’œuvre. Dans la république bananière qu’est l’université, vous nous avez montré à maintes reprises que la voix des étudiants, de leurs représentants ainsi que celles des équipes pédagogiques ne comptaient pas. Aussi, nous vous souhaitons une bonne fin de règne et espérons que vous ne serez pas trop troublé par les audits au sujet de harcèlement et les mouvements de grèves qui ne sont que les conséquences directes de votre gestion de l’université.

Mobilisation créée par Des étudiants de Rouen
26/12/2017

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